Monsieur le président de l’assemblée nationale
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les présidents des institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement,
Honorables députés,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Officiers généraux, officiers, sous-officiers et hommes du rang,
Chères familles des disparus, mesdames et Messieurs,
Nous
voici réunis, aujourd’hui, autour des corps de ceux qui nous sont les
plus chers, unis par la souffrance de leur perte cruelle, prématurée et
Oh combien injuste, eux si jeunes, si pleins de vie, morts pour nous
tous, morts pour notre patrie, le Niger. Nous sommes réunis, en ce cadre
solennel, ravagés par la même souffrance qui nous tenaille depuis 3
jours, depuis 3 jours que nous avons appris cette funeste hécatombe que
rien ne saurait jamais justifier.
J’ai décidé de venir, en personne,
pour témoigner la reconnaissance de la patrie, inconsolable mais
nullement vaincue, à ces hommes arrachés à l’affection des leurs, à la
fleur de l’âge, pour ce qu’ils sont pour nous : nos héros, nos martyrs.
Je
suis venu ici pour dire aux familles de ces soldats que leur deuil est
porté, dans une communion d’une rare intensité, par tout notre peuple
éprouvé au plus profond de sa chair.
Je suis venu ici pour exprimer
le sentiment de grande révolte qui m’anime, à l’instar de tous mes
compatriotes, face à cette guerre que nous impose un ennemi qui ne s’est
jamais adressé à nous autrement qu’en nous agressant de façon violente
et perfide.
Cet ennemi vient d’enlever à la patrie 71 de ses valeureux enfants.
Sous tes ordres, Commandant Hassane Anoutab, les soldats du poste
militaire de reconnaissance d’Inates se sont battus, comme des lions,
contre un ennemi sans humanité.
Commandant Hassane Anoutab, depuis
ce jour funeste du mardi 10 décembre 2019, tu es entré dans la légende
et ton nom évoque désormais la figure du guerrier, du héros. Tu es mort
les armes à la main, n’ayant jamais envisagé que l’alternative de la
victoire ou de la mort. Au nom de la République, je t’élève, à titre
posthume, au grade de Lieutenant-colonel. Tu es mort dans la gloire. Tu
n’éprouveras jamais la honte que ressentent les lâches. Tu as fini ta
vie comme tu l’as toujours vécue, dans le courage, l’honneur et la
dignité. Tu devrais aller à la retraite, si bien méritée au regard de
tes états de service dignes d’éloge, mais tu as fait le choix d’accepter
la proposition qui t’a été faite de continuer à servir ta patrie. À tes
côtés ont été fauchés 70 autres soldats pétris de bravoure.
Au nom de la République j’élève chacun d’entre eux au grade supérieur à titre posthume.
Lieutenant-colonel
Hassane Anoutab, tes 70 soldats et toi, avez fait acte de courage ;
c’est en cela que votre mort est glorieuse. La mort au service de sa
patrie les armes à la main est une des meilleures fins. Vos familles
sont aujourd’hui en pleurs mais vos enfants seront toujours fiers d’être
issus de parents de votre trempe. Oui, vos enfants seront toujours
fiers de vous car vous leur laissez le courage en héritage. La Nation
entière est fière de vous.
Vous avez consenti le sacrifice de vos
vies pour protéger le Niger de la barbarie de ceux qui, tels des
vampires, n’aspirent qu’à s’abreuver de sang, de ceux qui détruisent non
seulement des vies mais notre religion elle-même. Jamais, en effet,
l’islam n’a connu d’arme de destruction aussi massive et aussi
redoutable que le terrorisme. L’islam est en train d’être détruit au nom
de l’islam. Le terrorisme a fait déjà des dizaines de milliers de
victimes, pour la plupart des musulmans. Les germes de sa défaite sont
dans son dogmatisme, dans son excès, dans sa cruauté.
Lieutenant-Colonel
Hassane Anoutab, votre sacrifice, tes soldats et toi, ne sera pas vain
car vos frères d’arme, j’en suis convaincu, vont poursuivre le combat
avec encore plus d’intrépidité et de détermination.
Votre sacrifice
ne sera pas vain car le gouvernement continuera le renforcement de leurs
capacités sur tous les plans. Plaise à Dieu, il en sera ainsi parce
qu’ils peuvent compter sur le soutien indéfectible de notre peuple. Nous
continuerons à veiller à la consolidation de la trinité
Peuple-Gouvernement-Forces de Défense et de Sécurité. C’est cela le gage
de notre victoire toute proche.
Votre sacrifice ne sera pas vain car
nous sommes, par ailleurs, déterminés, sur le plan politique,
stratégique, opératif et tactique, à renforcer, encore plus, nos
alliances et la coordination de nos forces pour lutter ensemble au nom
de la liberté contre les ennemis de la liberté, contre l’ignorance et
l’obscurantisme.
Le mardi 10 décembre 2019 a été une journée funeste.
Ce fut une épreuve terrible pour notre armée et pour notre peuple. Mais
nous devons garder à l’esprit que c’est toujours dans le sang, la sueur
et les larmes que se construisent les nations.
Lieutenant-colonel
Hassane Anoutab, votre sacrifice, tes hommes et toi, est un pas décisif
vers notre victoire contre l’ennemi. C’est aussi et surtout un pas
supplémentaire dans le raffermissement de notre nation.
Gloire à vous ! Gloire éternelle aux braves !
Puisse Dieu vous recevoir dans son paradis éternel.
Reposez en paix et que Dieu bénisse votre chère patrie, notre chère Patrie, le Niger.